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LA Vérité sur freud

Des archives Freud à #MeToo

 

Le film

 

En 1980, le psychanalyste freudien, Jeffrey Masson, obtient d’Anna Freud, la fille de Sigmund Freud, l’autorisation de publier la totalité des lettres envoyées par son père à son ami Wilhelm Fliess. En effet, seulement la moitié de celles-ci avaient été révélées au public, les autres ayant été séquestrées pour 50 ans, à la demande d’Anna Freud, aux archives de la bibliothèque du Congrès à Washington.

Jeffrey Masson découvre que les lettres restées secrètes traitent notamment de la découverte par Freud de la théorie de la séduction et des circonstances qui l’ont amené à l’abandonner pour la théorie des pulsions. Un secret bien embarrassant que ses héritiers voulaient garder au moins 50 ans, enfoui dans les archives du Congrès... Ce renoncement a eu de lourdes conséquences psychiques néfastes chez les personnes traitées en psychanalyse, car il a contribué à alimenter la violence sexuelle faite aux femmes, tout en les culpabilisant.

Merci à #MeToo qui, un siècle plus tard, contribue à vaincre la malédiction de l’abandon de la théorie de la séduction pour la théorie des pulsions.

Ce film présente l’interview historique exclusive de Jeffrey Masson qui révéla le secret…

 

Ce film a été réalisé par Michel Meignant d’après le livre de Jeffrey Masson, « The Assault on truth, Freud’s suppression of the seduction theory », édition Farrar, Strauss and Giroux, New-York, 1984. Il comporte l’interview exclusive de Jeffrey Masson, qu’il a filmé le 11 avril 2011 à Aukland en Nouvelle-Zélande. La nouvelle traduction française du livre, avec la préface de Michel Meignant, « Enquête aux Archives Freud, des abus réels aux pseudo-fantasmes », est disponible aux Éditions L’Instant Présent à Paris, 2012.

 

 

Image : Michel Meignant

Montage : Daniel Le Bras

Durée : 1 h 28

asclepia © 2022

www.laveritesurfreud.fr

 

Sortie nationale

Le mercredi 31 août à 13h au cinéma LE STANDRé DES ARTS - Paris 6e

 

 

 

Documentation

 

CHRONOLOGIE

des lettres de Freud à Fliess

 

Sigmund Freud et Wilhelm Fliess

 

 

 

1887/1904 - Correspondance de 284 lettres écrites par Sigmund Freud à Wilhelm Fliess

 

Toutes les lettres que Wilhelm Fliess a écrites à Sigmund Freud à cette époque ont été détruites par Sigmund Freud lui-même.

 

Le 17 décembre 1928, Freud écrivit à Ida Fliess, la veuve de Wilhelm, une réponse à la demande qu’elle lui avait adressée concernant les propres lettres de son mari à son ami.

 

« Ma mémoire me dit que j’ai détruit la plus grande partie de notre correspondance à une certaine époque, après 1904. Mais il n’est pas exclu que certaines de ces lettres après des recherches méthodiques aient été conservée et réapparaissent après des recherches effectuées dans la pièce où j’ai vécu ces trente-sept dernières années. Je vous prie de me laisser un peu de temps, jusqu’à Noël. Tout ce que je trouverai sera à votre disposition sans conditions. Si je ne retrouve rien, il faudra accepter que rien n’a échappé à la destruction. Naturellement, je serais heureux de savoir que les lettres que j’ai écrites à votre mari qui fut, pendant tant d’années, mon ami le plus proche, auront la bonne fortune d’être entre vos mains, ce qui leur assurera une protection contre toute utilisation à venir. Je reste sincèrement votre. »

 

Lettre manuscrite authentique conservée à la Bibliothèque de la Hebrew University à Jérusalem.

 

 

1950 - Publications en 1950 de 168 lettres sur 284 en anglais sous le titre :

THE ORIGINS OF PSYCHOANALYSIS : LETTERS TO WILHELM FLIESS, DRAFT AND NOTES : 1887/1902.

(Imago Publishing, London en 1950)

 

La préparation de cette première édition a été menée à bien par Marie Bonaparte, Anna Freud et Ernst Kris qui ont assumé le choix des lettres conservées et le caviardage de certaines.

 

1950 - Publication en allemand AUS DEN ANFÄNGEN DER PSYCHOANALYSE.

DEPUIS LE DEBUT DE LA PSYCHANALYSE.

 

 

 

1956 – Publication à Paris en français sous le titre

LA NAISSANCE DE LA PSYCHANALYSE

au PUF

six ans plus tard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1985 - Jeffrey Masson persuade Anna Freud, la fille de Freud de l’autoriser à publier la totalité des lettres de Freud à Fliess.

SIGMUND FREUD, LETTRES À WILHEM FLESS 1887/1904

Éditions en anglais en 1985, Harvard U.S.A, Londres aux Royaumes Unis

Éditions en Allemand en 1986, S. Fischer Verlag GmbH, Frankfurt am Main

 

SIGMUND FREUD LETTRES À WILHELM FLIESS 1887/1904

Traduction et édition en français se fera à Paris au PUF seulement

VINGT ANS PLUS TARD EN 2006.

 

 

 

 

 

 

1985 - Jeffrey Masson publie en anglais

THE ASSAULT ON TRUTH.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1984 - Publication de la traduction en français à Paris (éditions Aubier) sous le titre :

LE RÉEL ESCAMOTÉ, le renoncement de Freud à la théorie de la séduction.

Tirage limité à 600 exemplaires rapidement épuisé. Les lettres sont introuvables en France à partir de cette date.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2006 – Enfin traduction en français et parution à Paris (au PUF) de la totalité des

LETTRES DE SIGMUND FREUD À WILHELM FLIESS – 1887/1904.

VINGT ANS PLUS TARD que les éditions en allemand en Allemagne et en anglais en Grande-Bretagne et aux U.S.A.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2011/2012 - Premier Film de Michel Meignant :

L’AFFAIRE FREUD.

Documentaire 1h11, Asclépia

 

qui génère en 2012 une nouvelle traduction en français du livre de Jeffrey Masson :

ENQUÊTE AUX ARCHIVES FREUD, DES ABUS REELS AUX PSEUDO-FANTASMES. Publication à Paris aux éditions l'Instant Présent.

 

 

 

 

 

2022 - Deuxième film de Michel Meignant

LA VÉRITÉ SUR FREUD, DES ARCHIVES FREUD A #METOO.

Documentaire 1h28, Asclépia.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Préface

du Docteur Michel Meignant

 

Comment j’ai découvert Jeffrey Masson

 

Le livre de Masson, The Assault on Truth publié en 1984, reçut un large accueil dans le monde entier, sauf en France où il fut l’objet d’un véritable rejet. Tiré seulement à quelques centaines d’exemplaires, il est aujourd’hui totalement épuisé. Pour que je réalise l’importance de cet ouvrage, il a fallu que j’entende le psychologue américain Andrew Leeds me déclarer que Sigmund Freud était plus intéressé par sa carrière, sa renommée et l’argent que par la vérité. Devant mon étonnement, il me conseille de lire le livre de Jeffrey Masson « The Assault on Truth ». Je découvre un exemplaire de sa traduction en français, « Le réel escamoté » (c’est le titre que portait ce livre en 1984, éditions Aubier. À l’époque je réalisais un film sur la violence éducative ordinaire « Amour et châtiment » et j’étais très surpris de voir que les psychanalystes refusent souvent de prendre en compte la réalité des traumatismes de l’enfance et de l’adolescence.

 

En lisant le livre de Masson, je découvre que Freud a d’abord cru à la théorie des traumatismes (théorie de la séduction) et qu’il l’a remplacée par la théorie des pulsions et le complexe d’Œdipe. À cause de la mort de son père et peut-être pour des raisons d’opportunisme professionnel. Quel beau sujet de film ! Je retrouve Jeffrey Masson qui vit en Nouvelle Zélande. Je pars l’interviewer pour le film « L’affaire Freud » (voir www.l-affaire-freud.com) et à mon retour, je recherche un nouvel éditeur pour rééditer le livre de Jeffrey Masson. Le voici, dans une traduction plus vaste : Enquête aux Archives Freud.

 

Andrew Leeds

 

Les archives secrète de la psychanalyse

 

Il est courant de garder secrets des documents dans les domaines militaires ou politiques afin de préserver la sécurité et l’indépendance d’une nation. Mais qui pouvait s’attendre à ce qu’il existe des documents classés « secrets » dans le domaine de la psychanalyse ? Quels secrets s’agit-il de préserver ? Où est le péril ? À qui profite la censure ?

 

Le secret dont parle ce livre, ce sont les circonstances de la découverte par Freud d’une théorie qui prenait en compte les traumatismes, appelée « théorie de la séduction », et les raisons de son abandon pour la « théorie des pulsions », qui ont fait l’objet d’une tentative de dissimulation. Il est en effet possible de retracer très précisément le déroulement de la mise au point de la théorie de la séduction et son abandon, au profit de la création de la théorie des pulsions, accompagnée de l’invention du complexe d’Œdipe, à travers la correspondance, de la main même de Sigmund Freud, échangée avec Wilhelm Fliess, durant 17 ans, de 1887 à 1902.

 

Pour garder secret le récit du déroulement de cette élaboration et de cet abandon, il fallait évidemment détruire tous les éléments de correspondance qui pourraient révéler les circonstances détaillées de cette affaire. Cette correspondance était constituée de 284 lettres de Freud à Fliess et probablement autant de Fliess à Freud. Pour préserver le secret, de son côté Freud brûla toutes les lettres qu’il avait reçues de Fliess. Quant aux siennes qui étaient entre les mains d’Ida Fliess, la veuve de son ami, toute sa vie Freud ne put qu’espérer qu’elles ne tomberaient pas en de mauvaises mains.

 

 

Le divan

 

Un incroyable concours de circonstance évente le secret

 

Un incroyable concours de circonstances évente le secret La vérité a été révélée dans des conditions véritablement romanesques. En effet les lettres de Freud n’ont pas été détruites. Elles se trouvent aujourd’hui préservées dans la « Sigmund Freud Collection » déposées à la Library of Congress à Washington. Quand, après la mort de Wilhelm Fliess, sa veuve Ida Fliess écrit à Freud pour lui demander la restitution des lettres de son mari, celui-ci lui répond donc qu’il les a brûlées. Elle en conclut que les lettres de son mari ne doivent en aucun cas tomber entre les mains de Freud, parce qu’elle imagine qu’il les détruirait. En 1937, Ida Fliess vend ces lettres à Marie Bonaparte, Princesse de Grèce, à l’époque en analyse avec Freud, par l’intermédiaire du libraire viennois Reinhold Stahl. Ida Fliess lui demande de promettre que jamais ces lettres ne tomberont entre les mains de Freud. Les lettres vont alors être l’objet d’incroyables péripéties.

 

Après avoir refusé de les revendre à Sigmund  Freud avec qui elle était en psychanalyse, Marie Bonaparte prend la décision de les déposer, au cours de l’hiver 1937-1938, dans son coffre de la Banque Rothschild à Vienne. Lorsqu’Hitler envahit l’Autriche, cette banque n’est plus un lieu sûr. En utilisant son immunité diplomatique de Princesse de Grèce, Marie Bonaparte arrive à retirer de son coffre ces précieux documents, en présence de la Gestapo. En février 1941, Marie Bonaparte, qui s’est réfugiée à Paris, dépose les documents à la légation du Danemark. À la Libération, elle retrouve les lettres intactes et les emporte à Londres, enveloppées dans du matériel imperméable et flottant, en cas d’un éventuel naufrage lors de la traversée de la Manche. Les lettres seront alors publiées en 1950 dans une version expurgée de tout ce qui a trait à la théorie de la séduction.

 

Jeffrey Masson a joué un rôle très important dans la révélation de cette affaire de dissimulation. Il s’est transformé en psychanalyste d’investigation, homme courageux et intègre qui va révéler la vérité à ses dépens. Au début il n’imagine pas que ses révélations vont faire scandale. Il pense au contraire que tous les psychanalystes vont être intéressés. Ses confrères ne se préoccupent pas du tout du contenu de ces lettres, mais lui reprochent seulement de façon véhémente d’avoir trahi « le secret ». Cela ne regardait personne et ne devait en aucun cas être révélé. Les psychanalystes vont le faire payer cher à Jeffrey Masson. Il était alors archiviste temporaire, avec un contrat à durée déterminée d’un an, assorti de la promesse qu’il serait titularisé définitivement s’il donnait satisfaction. Mais il est révoqué sine die et mis au chômage sans indemnité. Il sera obligé de faire un procès qui lui permettra d’obtenir une indemnité d’un an de salaire.

 

Encore plus « infamant » : pour exercer officiellement la fonction de psychanalyste, il fallait être membre reconnu par la société Internationale de Psychanalyse. Il est alors immédiatement radié, ce qui revient à lui interdire l’exercice de la psychanalyse. Cela n’empêchera pas qu’il publie la totalité de la correspondance Freud/Fliess et surtout ce livre qui révèle tous les dessous de l’affaire. Rappelons qu’il existe encore des documents secrets, que personne n’a encore jamais lus, en dépôt à Washington. Ils sont censurés jusqu’en 2060. En attendant, voici l’histoire des lettres de Sigmund Freud à Wilhelm Fliess. Ce livre peut donner envie de lire la totalité de cette correspondance, parue aux États-Unis et à Londres en 1985 et en français à Paris, seulement en 2006, soit plus de 20 ans plus tard, aux Presses Universitaires de France. Le délai de traduction française pour la version expurgée n’avait été que de quatre ans. Chacun peut enfin se faire sa propre opinion. La vérité est bien sortie du puits.

 

 

 

Quelles conséquences pour les psychothérapeutes ?

 

Comme dans toutes les sciences, le respect de la vérité et la publication exacte des travaux relèvent de la plus évidente éthique, dans l’intérêt de l’avancement des connaissances. L’objet du secret que l’on voulait préserver est de la plus haute importance, puisqu’il concerne la naissance et les bases de la psychanalyse. La controverse porte sur la façon dont le psychanalyste accueille, lors de la cure, la révélation d’un trauma. Il s’agit de prendre position sur cette révélation.

 

S’agit-il du récit d’un évènement réel ou bien ne serait-ce qu’une invention de l’imaginaire ? Un nombre croissant de thérapeutes d’aujourd’hui attachent beaucoup d’importance aux effets néfastes des traumatismes. Pour sa part, Anna Freud, fille et héritière spirituelle de Sigmund Freud, pensait que si ce secret avait été révélé, il n’y aurait peut-être pas eu de psychanalyse. Et vous, qui comme moi êtes thérapeutes qu’en pensez-vous ? Êtes-vous, comme Jeffrey Masson et moi-même, convaincus de l’importance des traumatismes réels ? Pensez-vous, comme Ferenczi, qu’une psychanalyse débarrassée de la théorie des pulsions soit possible ? Plus efficace ? Débarrassée de sa toxicité ? Repenser notre pratique thérapeutique sans le modèle de la théorie des pulsions demande une vigilance et un sens critique très développés, tant cette théorie misogyne et paternaliste (à l’image de la culture du tournant du siècle dernier) s’est insérée dans tous les aspects de notre vie : enseignée aux élèves de terminale en philosophie, aux médecins, aux psychologues et dans de nombreuses écoles de psychothérapie qui pourtant ne se réclament pas de la psychanalyse, elle est surreprésentée dans la culture populaire. Son influence demeure encore forte, surtout en France, tant elle a contaminé la façon dont nous comprenons la psychologie de l’enfant.

 

La théorie des pulsions empêche d’espérer en l’homo empathicus de Jeremy Rifkin qui sauvera peut-être la terre et l’humanité. Si, comme de plus en plus de thérapeutes, de penseurs et de journalistes, vous avez toujours été circonspects et dubitatifs face à la théorie des pulsions, mais trouviez difficile de la critiquer ou pire de mettre en doute ce qui a si longtemps été présenté comme une vérité, que seuls les faibles d’esprit ne pouvaient pas comprendre, ce livre sera pour vous comme une véritable libération. Vous ne serez plus pris au piège rhétorique de ce raisonnement circulaire pratiqué par tant d’analystes : « Si vous ne croyez pas à la pertinence de la théorie des pulsions, c’est parce que vous résistez inconsciemment à cette révélation, ce qui prouve bien la justesse de cette théorie ».

 

 

Docteur Michel Meignant

Psychothérapeute et cinéaste

Président d’honneur de la Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse (FF2P)

Paris, 2012

 

 

 

... Et le mouvement #MeToo...

Par Michel Meignant

 

 

 

Le problème était de croire les femmes quand elles se plaignaient.

C’était très facile, une femme se plaignait, elle avait inventé, elle avait le complexe d’Œdipe. Résultat, elle était poursuivi pour déclarations mensongères et même condamnée à payer des dommages et intérêts à celui qui l’avait violée.

L’abus des femmes était général, notamment dans un milieu comme le show-business, le cinéma, le théâtre, la télévision… Pour avoir un rôle ou pour avoir une bonne place dans un grand magasin, quand le chef de rang du rayon (par exemple de la parfumerie) voulait violer, enfin avoir des relations sexuelles avec une vendeuse, il la mettait dans les courants d’air [on voit Michel rigoler], ou il faisait des remarques qui l’empêchait d’avoir une promotion. Et donc, le viol des femmes, l’abus incroyable se poursuivait.

 

Le 5 octobre 2017, le New York Times publiait un article de Jodi Kantor et Megan Twohey qui allait changer le monde. Enquêtant sur des allégations inquiétantes, les deux journalistes avaient, des mois durant, secrètement rencontré et persuadé des victimes de Harvey Weinstein de témoigner. Actrices, anciennes employées du producteur, célébrités ou inconnues, de nombreuses femmes qui s’étaient jusque-là tues prirent la parole dans le monde entier. Cet ouvrage est le récit haletant de l’investigation qui enflamma le mouvement #MeToo à l’échelle planétaire.

 

Ce qui a tout changé avec le mouvement #MeToo, ce qui est fondamental, c’est qu’on les croit.

Alors la parole s’est enfin révélée, elles ont été autorisé à parler...

 

Pour moi, Metoo, c’est une méthode de psychothérapie de groupe : Oser parler dans le groupe et être soutenue par d’autres personnes qui disent la même chose, ça a un effet thérapeutique réel.

Mais évidemment, cela veut dire qu’on abandonne la théorie des pulsions pour revenir à la théorie de la séduction.

Ce qui donne vraiment un aspect génial à Freud. Comment, lui, au début, avait-il pu faire cette découverte ? Il fallait vraiment qu’il soit génial. Et quel dommage qu’il ait changé d’avis.

 

 

 

 

 

 

Préface

de Jeffrey Moussaieff Masson

à la nouvelle édition française de

The Assault on Truth Enquête aux Archives Freud

Éditions L’instant présent, 2012

 

Pendant des années, les médecins, les psychiatres, les thérapeutes, et mêmes les législateurs, n’ont pas reconnu, pour diverses raisons, l’étendue de la maltraitance des enfants, allant de la simple fessée (dont je suis heureux de voir qu’elle est désormais illégale, même dans la sphère familiale, dans de nombreux pays) aux crimes tels que la pornographie infantile, les coups et la torture. Tout cela a changé et on trouve de moins en moins de gens qui refusent de voir l’impact et l’importance de ce sujet, particulièrement parmi ceux dont le travail est d’aider les enfants à dépasser cet héritage de violence. Il n’y a plus là matière à débat.

 

Malheureusement, ce n’est toujours pas le cas lorsque nous abordons cette autre forme de violence envers les enfants que sont les agressions sexuelles. Pour des raisons complexes, des thérapeutes de différentes écoles persistent encore à minimiser l’impact des abus sexuels sur le développement psychologique des enfants. Si certaines nations ont eu la volonté de reconnaître la prévalence et les séquelles des abus sexuels, ce n’est hélas pas encore véritablement le cas en France.

 

Un exemple illustre bien cet état de fait : feu Jean Laplanche, un psychanalyste particulièrement renommé, pensait que la « séduction » (les abus sexuels sur les enfants) était tout autre chose que ce que Freud croyait, que ce que je croyais, ou même que ce que Lacan croyait (le traumatisme est symbolique - mais symbolique de quoi ?). D’après lui, la « séduction » est avant tout un message de l’adulte vers l’enfant. Laplanche affirme que c’est un phénomène universel. Il écrit : « Il y a quelque chose d’inconscient que l’adulte le plus violent ou le plus pervers adresse à l’autre, même dans ses actes les plus brutaux. Cette adresse, ou ce message, est donc une catégorie universelle, bien plus vaste que la catégorie factuelle des agressions physiques ou sexuelles. Toutes les séductions ne sont pas des abus. » Bien que son discours soit assez obscur, ses conséquences sont alarmantes.

 

Laplanche poursuit, cette fois à propos de mon livre : « Masson, par exemple, se limite à la séduction factuelle. Je suis toujours amusé par le sous-titre de son livre, “Freud supprime la théorie de la séduction ”, parce qu’il montre que Masson n’a strictement rien compris à cette théorie ».

 

Il est juste de dire que je pense que la « séduction » est un abus sexuel, un acte réel dans un monde réel. Freud aussi l’a pensé, pendant un certain temps, avant de changer d’avis. Freud en est venu à croire que ces souvenirs n’étaient que des fantasmes, voire des souvenirs de fantasmes. Non seulement Laplanche pense que j’ai tort d’être en désaccord avec Freud, mais il pense aussi que Freud avait tort et ne comprenait pas la véritable signification de l’abus : « Freud n’a jamais imaginé qu’il pouvait exister d’autres catégories que la réalité factuelle et l’imagination… Freud était obsédé par le concept de scène réelle. »

 

Je suis d’accord avec lui, Freud était obsédé par la notion de réalité. C’est d’ailleurs tout à son honneur. Je pense même qu’il a continué à s’intéresser aux abus réels jusqu’à sa mort, car j’ai trouvé dans son bureau, à Londres, toute une série de lettres en rapport avec les abus sexuels sur des enfants et l’affaire Ferenczi. Personne n’a véritablement compris pourquoi Freud avait conservé ces lettres dans le tiroir de son bureau personnel pendant tant d’années. Je pense qu’il est possible que Freud ait eu mauvaise conscience d’avoir abandonné ses patientes dans le passé. Je peux me tromper.

 

Mais je ne pense pas que Freud aurait pu croire, comme Laplanche (et ses nombreux disciples en France) que l’abus sexuel n’est qu’un message de l’inconscient à destination de « l’autre ». En effet, cela voudrait dire qu’il n’y a pas vraiment de violence envers les enfants, mais juste des messages. Et les messages peuvent être mal interprétés. Voilà une croyance tout à fait commode pour les prédateurs sexuels et pour ceux qui s’appuient sur le déni. Mais c’est une grave erreur, une erreur que les thérapeutes devraient soigneusement éviter. Aucun thérapeute, quelle que soit l’école qui l’a formé, ne peut se permettre d’ignorer les agressions sexuelles sur les enfants, pas plus qu’il ne peut ignorer les violences physiques.

 

Tout d’abord, les statistiques sur les agressions sexuelles démontrent sans ambiguïté que c’est un problème majeur en Europe, même si ces informations ont tardé à être diffusées (le Canada et les États-Unis ont été un temps pionniers dans ce type de recherche). Une colossale méta-analyse a été publiée en 2011, rassemblant 217 publications parues entre 1980 et 2009, ce qui correspond à 9 911 748 participants. Les auteurs concluent que l’abus sexuel sur des enfants est « un problème global, d’une ampleur considérable ». Les chiffres varient d’une publication à l’autre bien entendu, mais peuvent monter jusqu’à 50 % des filles de moins de 18 ans ayant vécu une expérience relevant de l’abus sexuel. Inutile de nous perdre en polémiques sur la définition de l’abus sexuel.

 

Dans les faits, tout le monde sait exactement ce dont il s’agit. Le conseil de l’Europe, par exemple, le décrit comme « le fait de se livrer à des activités sexuelles avec un enfant : en faisant usage de la contrainte, de la force ou de menaces ; ou en abusant d’une position reconnue de confiance, d’autorité ou d’influence sur l’enfant, y compris au sein de la famille » (Article 18, Conseil de l’Europe, Convention sur la protection des enfants contre l’exploitation sexuelle et l’abus sexuel). Le terme « enfant » correspond à toute personne de moins de 18 ans, ainsi que le définit l’Article 1 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Les activités sexuelles incriminées vont du contact forcé à la relation sexuelle, en passant par l’exposition intentionnelle de l’enfant à des activités sexuelles.

 

Bien que je n’aie pas trouvé de statistiques sur les agressions sexuelles d’enfants en France, les chiffres sont vraisemblablement d’une fille sur quatre, si on se base sur les études réalisées dans d’autres régions d’Europe.

 

Freud a sans doute été la première personne à mesurer l’étendue de l’abus sexuel dans la société. S’il s’est intéressé à ce sujet, aussi tôt dans sa carrière, c’est sûrement parce qu’il était un des tous premiers thérapeutes à permettre à ses patients de parler de ce qui leur était arrivé. Nombre d’entre eux ont parlé d’abus sexuels. Ce n’est pas surprenant si l’on considère qu’il voyait des patients désespérément malheureux (ce qu’il appelait « névrose »). Je ne pense pas que la situation serait si différente aujourd’hui : la plupart des gens qui recherchent l’aide d’un thérapeute le font parce qu’ils ont souffert de traumatismes. Il n’y a aucune raison de supposer que le pourcentage de victimes d’agressions sexuelles chez les patients des thérapeutes soit inférieur au pourcentage de victimes dans la population générale. Tout au contraire, il y a de grandes raisons de penser que ce pourcentage est nettement supérieur, ainsi que nous l’apprend une excellente série d’articles publiés par John Read et ses collègues.

 

Étant donné que l’abus sexuel d’enfant constitue toujours un abus de pouvoir et de confiance, il n’est pas surprenant que ses conséquences soient profondes et durables. Bien peu de thérapeutes professionnels le nieraient. Il est donc impératif que tous les thérapeutes, quelle que soit leur école, prennent conscience dans leur pratique de l’importance des abus sexuels sur les enfants.

 

Je suis un homme chanceux. Normalement, quand un livre passe inaperçu dans un pays, il ne bénéficie pas d’une seconde chance. Mais dans mon cas, le Dr Michel Meignant (Vice-président du Conseil Mondial de Psychothérapie et Président fondateur de la Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse) a lu mon livre, et a trouvé qu’il méritait d’être à nouveau publié dans les pays francophones. Il a même réalisé un film à son sujet . Nous nous sommes trouvés un point commun : notre aversion pour les châtiments corporels sur les enfants. Fabienne Cazalis, une neuroscientifique, a lu mon livre lorsqu’elle faisait de la recherche à la University of California Los Angeles aux États-Unis. Lorsqu’elle a vu le film, elle a réalisé combien nous avions en commun et elle a entrepris de publier une nouvelle traduction de mon livre. Elle a consacré beaucoup de travail, et plus encore d’intelligence, à cette tâche, et je suis heureux d’être désormais son ami. Travailler avec elle a été un honneur.

 

Cela fait bientôt trente ans que ce livre est sorti. Sa thèse principale est vite résumée : j’ai voulu montrer, sur la base de nouveaux documents, et notamment de lettres inédites de Freud, que l’histoire officielle de la pensée freudienne sur la « séduction » (qui devrait être appelée « abus sexuel », un terme que Freud utilisait parfois comme synonyme de séduction), histoire consacrée par Anna Freud et d’autres analystes chevronnés, est en fait erronée. Lors de ma formation comme analyste à Toronto, on nous enseignait que Freud avait tout d’abord cru que ses patients, et notamment ses patientes, avaient été victimes d’abus sexuels dans leur enfance et que cet abus avait causé leur « névrose » ou leur « hystérie » ou même leur « psychose ». Mais, apprenions-nous, Freud s’était rendu compte qu’il avait commis une grave erreur, qu’il avait corrigée ainsi : ces abus n’étaient en fait que des fantasmes. Je trouvais pour ma part que c’était difficile à croire. Lorsque je fus certifié psychanalyste, je partis à la recherche de tous les documents possibles qui pourraient éclairer ce sujet fondamental (que personne aujourd’hui ne qualifierait de trivial). J’eus la bonne fortune de bénéficier de l’aide d’Anna Freud. Elle m’a généreusement ouvert les portes de la maison de Freud et m’a autorisé à chercher dans les armoires et les bureaux tout le matériel se rapportant à l’abus sexuel. J’y ai trouvé un véritable trésor, reproduit ici, dans ce livre.

 

C’est en France que j’ai trouvé les principaux indices qui m’ont mené aux conclusions que je propose. À la morgue de Paris, j’ai identifié des documents indiquant que lors de son séjour parisien en 1885, Freud a été témoin de choses qui expliquent bien sa curiosité pour les abus sexuels. Dans sa bibliothèque, il y avait des livres français consacrés à ce sujet, à une époque où personne ne s’y intéressait, nulle part dans le monde. Il y avait notamment un livre d’Ambroise Tardieu publié en 1860, Étude médico-légale sur les sévices et mauvais traitements exercés sur des enfants, un document historique d’une importance majeure, qui mérite d’être reconnu comme tel.

 

À Londres, j’ai trouvé une série de lettres inédites se rapportant à Sándor Ferenczi, ami intime et disciple de Freud, et à l’abus sexuel. Je suis heureux de voir que la France ouvre la voie de la réhabilitation de la pensée de Ferenczi, grâce aux travaux d’une de ses parentes, une fantastique psychanalyste française, Judith Dupont. Elle a œuvré à la publication en français de l’extraordinaire Journal Clinique de Ferenczi (Payot, 1985). Elle a également publié la correspondance Freud/Ferenczi, précieuse pour qui veut comprendre l’histoire de la psychanalyse. Je suis également ravi par le nouveau livre de Pierre Sabourin sur Ferenczi, parce qu’il comprend l’importance des convictions de Ferenczi sur les abus sexuels, et leur portée actuelle pour tous les cliniciens .

 

Une des plus importantes controverses que mon livre a soulevée depuis sa publication concerne la question des faux souvenirs. Est-ce qu’une personne peut être accusée à tort d’abus sexuel sur la base d’un faux souvenir ? Bien sûr, il serait absurde de prétendre que cela n’arrive jamais et que les faux souvenirs n’existent pas. Tout comme il serait absurde de prétendre que la plupart des souvenirs sont en fait de faux souvenirs. C’est toutefois ce qui s’est passé pendant des années : des hommes exerçant les professions de psychiatre, psychologue et psychanalyste (ainsi que certaines de leurs consœurs) ont affirmé qu’on ne pouvait pas se fier aux souvenirs des femmes, surtout lorsqu’elles accusaient un homme d’avoir fait des choses qu’il n’aurait pas dû faire, et plus encore si elles accusaient d’abus sexuel un homme en position de pouvoir. Inutile de dire que tout cela était bien pratique. Mais c’était faux. On a finalement admis que ces allégations étaient avant tout un moyen de protéger les prédateurs sexuels des conséquences légales de leurs actes. Une certaine résistance s’est cependant organisée, sous la forme d’un soudain intérêt, académique mais pas seulement, pour les faux souvenirs. Ces foyers de résistance accueillent bien entendu des hommes accusés d’abus sexuels, et d’autres qui craignent de l’être un jour. Même si l’on considère que l’immense majorité des accusations d’abus sexuel sont légitimes (comme c’est le cas pour les accusations de viol), il n’en demeure pas moins que, comme pour le viol, il existe en effet un petit nombre d’accusations mensongères. Ce qui est surprenant, c’est que ce sont ces quelques cas qui tendent à absorber toute l’attention médiatique, en partie parce que les sujets sensationnels sont toujours plus intéressants que les affaires de routine, mais aussi parce que c’est une façon de jeter le doute sur l’ensemble des accusations. Après avoir étudié la littérature sur ce sujet, je dirais que les chiffres des accusations mensongères sont de l’ordre de 2 à 8 % des cas.

 

Si vous êtes victime d’une accusation mensongère, cela peut ruiner votre vie. Mais si vous faites partie des 92-98 % de femmes qui ont légitimement accusé quelqu’un d’abus sexuel, cela aussi peut ruiner votre vie. Je n’ai évidemment rien contre la recherche sur les faux-souvenirs en soi, mais je remarque qu’elle est de bien moindre qualité que la recherche sur les abus sexuels. Il est possible qu’elle soit biaisée par un conflit d’intérêt : les hommes qui ont été accusés (à tort ou à raison) veulent se défendre en avançant des études qui montrent que ces accusations sont mensongères. Tandis que les femmes qui ont été victimes d’agression sexuelle ont tout simplement envie de disparaître. Il leur a fallu beaucoup de courage pour exposer leur histoire. Ne les poussons pas à retourner dans les ténèbres.

 

Jeffrey Moussaieff Masson

Auckland, Nouvelle Zélande, août 2012.

 

 

 

 

Olivier Maurel

Oui, la nature humaine est bonne !

 

Fessées, gifles, calottes, tapes ou bastonnades... Dans beaucoup de pays, les enquêtes les plus sérieuses montrent que plus de 80 % des enfants subissent encore des méthodes éducatives violentes.

Or, si étonnant que cela puisse paraître, aucun grand philosophe n'a tenu compte dans sa réflexion sur la nature humaine des conséquences de ce dressage violent infligé depuis des millénaires à la majorité des êtres humains au moment où leur cerveau est en formation.

Pire : dans les religions, dans les conceptions philosophiques, et aujourd'hui encore dans la psychanalyse, tout se passe comme si l'origine de la violence et de la cruauté humaines était dans la nature même des enfants. Pourtant, les recherches les plus récentes ont révélé chez lui des compétences - attachement, empathie, imitation - qui en font un être remarquablement doué pour la vie sociale.

La source de la violence et de la cruauté humaines réside-t-elle dans la nature des enfants, c'est-à-dire dans notre nature, ou dans la méthode qu'on a utilisée de tous temps pour les élever ?

C'est à cette question que répond Olivier Maurel, en s'appuyant sur les recherches d'Alice Miller et les plus récentes découvertes de la neurologie. Après la lecture de ce plaidoyer inédit, il sera difficile de continuer à appeler "éducation" le fait de frapper un enfant.

 

 

 

De l'enfant protégé à l'enfant corrigé

 

L'humanité s'est mise à corriger ses enfants en les frappant, probablement à partir du néolithique. Elle a ainsi rompu avec le comportement propre aux chasseurs-cueilleurs qui, aujourd'hui encore, partout dans le monde, ne frappent jamais les enfants.

Comment un tel changement s'est-il produit dans un domaine aussi essentiel que la relation éducative ? Pourquoi n'a-t-on jamais prêté attention à cette rupture majeure dans l'évolution de l'humanité et à ses conséquences ?

 

Réfléchir sur cette question éclaire fortement notre passé, notre présent et l'évolution de chacun de nous.

 

Olivier Maure! a écrit plusieurs livres sur la violence à l'égard des enfants : La Fessée (La Plage, 2001), Oui, la nature humaine est bonne (Robert Laffont, 2009). Poursuivant sa recherche, il montre ici que la violence sur les enfants est une question anthropologique encore non explorée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bruno Clavier

         ILS NE SAVAIENT PAS...

Pourquoi la psy a négligé les violences sexuelles

 

Aux éditions PAYOT - 2022

 

Malgré l'urgence, une majorité de psys

ne sont pas préparés pour aider les victimes

de violences sexuelles !

 

Des millions de personnes. L'ampleur colossale des violences sexuelles est enfin reconnue par notre société. Et maintenant ? Bruno Clavier en est convaincu, le problème ce sont les psys, en première ligne pour aider les victimes. Bien qu'il existe aujourd'hui des structures spécialisées, des associations et des numéros verts, depuis plus d'un siècle les psychiatres, les psychanalystes et les psychologues n'ont, dans leur grande majorité, pas été formés à la prise en compte de la réalité des violences sexuelles. En cause, non seulement le déni de notre société, mais aussi une théorie qui a nié cette réalité. Son auteur, Freud, avait une raison secrète à cela. Ce secret et l'incroyable faille thérapeutique qui a conduit des générations de psys dans une impasse empêchant la plupart d'aider Les victimes comme ils le voudraient, sont au coeur de ce livre. Pour que plus jamais l'on n'entende ces mots : « Cela ne se peut pas », « Je ne savais pas ».

Psychanalyste et psychologue clinicien, lui-même victime de violences sexuelles dans son enfance, Bruno Clavier est le principal représentant de La psychanalyse transgénérationnelle. Il est l'auteur des Fantômes familiaux, qui s'est immédiatement imposé comme une référence incontournable.

 

 

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